Horror Stories

Fait froid hein ?


Texte original de 2020

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C'est à coups de cris d'enfants que Norbert se réveilla le matin là. Ouvrant les yeux, il fut surpris par la clarté de la chambre. Pourtant il n'y avait pas de soleil, mais tout était lumineux comme si mille rayons dardaient vers lui. Il sortit de son lit, enfila son peignoir, ses pantoufles, et fit les trois pas qui le séparaient de sa fenêtre. C'est là qu'il sut d'où venaient ces cris d'enfants et cette luminosité si étrange : il avait neigé !

Là, sous sa fenêtre, dans le petit jardin et la rue devant sa maison, il y avait quelques mioches en train de faire des boules de neige, de s'en lancer, riant comme des fous. Leurs têtes étaient coiffée de jolis bonnets de laine colorés, ils avaient le cou bien protégé, et des moufles qui avaient l'air chaudes. Dans un coin isolé de la bataille de boule de neige, il y avait deux enfants plus grands, des ados peut-être, qui faisaient un bonhomme de neige de fort belle taille, presque impressionnant même selon Norbert. Une ambiance chaleureuse se dégageait de la rue, sous ses yeux et cela lui mit du baume sur le cœur, un parfum de nostalgie.

Après avoir bien observé les joyeux gosses faire tout et n'importe quoi dans son jardin, Norbert se dit qu'il devrait réveiller sa grande fille, Lydia.

Il sortit donc de sa chambre pour aller toquer chez sa fille de quinze ans. Etant un père seul depuis le départ de madame, l'homme faisait de son mieux et il comptait bien qu'elle profitât aussi des plaisirs innocents de la vie. Et là dehors, il y avait de quoi faire !

Il toqua plusieurs fois à la porte de la chambre de Lydia, mais n'obtint aucune réponse. Donc, malgré le fait qu'il détestait ça - ils avaient établi des règles de respect de l'intimité, il entra.

Sa fille n'était pas là, son lit avait été fait, ses chaussures n'étaient pas là non plus.

"Bon, se dit-il, elle sera partie voir des amis pour jouer sans me le dire, tant mieux."

Et il en resta là, ne pensant plus maintenant qu'à aller manger son petit déjeuner.

Une demi-heure plus tard, le repas avalé, il s'habilla, et regarda à travers la fenêtre. Les enfants étaient encore là, s'éclatant plus que jamais. Le soleil commençait à percer les nuages blancs, et les rayons tapaient déjà à travers les fenêtres. Il pensa que c'était une des plus merveilleuses sensations que de voir la chaleur et le froid se marier ainsi.

Le bonhomme de neige au fond du jardin était seul, les ados étant partis apparemment. Et Lydia n'était pas encore là. Cela ne l'inquiétait pas, elle était autonome pour une ado, et elle reviendrait pour le déjeuner comme à son habitude.

Vaquant à ses occupations, Norbert ne songea plus ni aux enfants, ni à la neige, ni à Lydia. L'aspirateur, la vaisselle, le linge, le boulot en ligne... Il y avait de quoi l'occuper des heures entières.

C'est ainsi qu'il ne s'était pas aperçu qu'il était déjà plus tard que midi. Quand il en prit conscience lorsque son ventre grouilla de faim, le soleil était déjà bien haut et quelques endroits dehors avaient déjà commencé à fondre un peu.

Il sortit dans la cour, et en fit le tour, regardant au loin chez les voisins pour tenter d'apercevoir sa fille. Mais rien, toujours aucune trace d'elle. Il commençait à s'inquiéter.

Tout à son angoisse, il arriva devant le bonhomme de neige. Il le regarda longuement, se disant que les jeunes avaient eu du courage de le faire aussi grand. Il scruta de haut en bas, et c'est là qu'il eut des frissons et comme un sentiment de peur, un pressentiment.

En bas du bonhomme de neige, il y avait les baskets de sa fille. Il s'interrogea sur la façon dont elles étaient arrivées là. Alors il se baissa et creusa. Il parvint à libérer les chaussures, mais elles ne voulaient pas venir malgré la force dont il usait pour les déloger. Il insista, puis d'un coup toute la neige s'effondra sur lui. Et sa fille avec.

Elle était ensevelie sous la neige depuis le matin déjà, donc forcément, elle était bleue, glacée, morte.

Norbert, tenant son enfant comme une poupée de porcelaine, poussa un hurlement qui déchira le silence dans le petit quartier qui abritait deux adolescents qui avaient commis un meurtre glacial tout en s'amusant, sous ses yeux. Et d'un coup, il fit froid, et il ferait toujours froid pour Norbert...