Horror Stories

Histoire typique américaine


Les quatre ados avaient mis la musique à fond dans la voiture. Ils roulaient en cette fin d'après-midi, pour se rendre à la super fête de fin d'année organisée par des amis communs du bahut qu'ils quittaient enfin pour toujours. La plage, lieu de leur rendez-vous super original, était encore à une bonne heure de trajet. Et tous, dans la voiture, se faisaient des projets pour la nuit. Kimberley espérait séduire enfin le beau Jason. Shannon comptait bien régler ses comptes avec Brandon. Il l'avait trompée avec cette conne de Tina. Kevin pensait à l'alcool et au sexe. Et Dylan essayait de se concentrer sur sa conduite, chose peu aisée avec deux joints dans le nez et presque deux grammes dans le sang.

C'était une bonne soirée. Il faisait doux, et la route était tranquille. Les oiseaux chantaient et le ciel scintillait de couleurs chatoyantes venues d'un soleil doux. Dylan, avait remonté le volume encore plus fort, sous les rires et les déhanchés, miracle dans la position assise, des filles. Kevin roulait des joints pour tout le monde.

À moins de trente minutes du lieu d'arrivée, la voiture tomba en panne. Évidemment. Et le ciel commençait à grisonner. Évidemment aussi.
Les filles se mirent à râler, les garçons eux, sortirent pour vérifier le moteur, dans la nuit maintenant noire et silencieuse, car la radio s'était éteinte comme la voiture. Of course.

Le capot étant soulevé, les filles ne voyaient plus les mecs et leur super musculature. Quand elles regardaient par le pare-brise, elles ne voyaient que le gros morceau métallique et rouillé qui abritait toute la mécanique du véhicule. Elles attendaient, se refaisant une beauté et parlant de Djenna, cette sale peste. On ne saura jamais qui est Djenna, puis on s'en fout. Au bout de quelques minutes, elles se demandaient ce que Kevin et Dylan fabriquaient. C'était long. C'était trop calme. Et Kimberley commença à s'inquiéter. Elle allait être en retard et se ferait prendre le beau Jason...

Elle décida de sortir de l'habitacle. Shannon elle, continuait de se refaire une beauté. La bouche en cul de poule, elle appliquait son gloss sans se soucier de ce que devenaient ses amis. Quelques minutes passèrent encore. Pas un bruit, si ce n'était le hululement d'un hibou au loin.

Shannon avait fini son ravalement de façade, et elle s'impatientait. Qu'ils étaient longs ces bons à rien, pensa-t-elle. Après encore quelques minutes, un tapotement sur la vitre de la portière sur laquelle elle était avachie, la fit sursauter. Un homme tentait d'attirer son attention.

Il était vieux, sale, et avait l'air paniqué.

"— Ohé mamz'elle ! Sortez de là ! Vous êtes en danger !"

Il agitait ses bras dans tous les sens. Et Shannon ne comprenait pas. Elle verrouilla la portière, et essayait de distinguer ses amis dans le noir absolu.

Tout à coup, le capot de la voiture se referma, et Dylan était là, debout sur les rouages huileux. Il avait du sang partout. Et il avait l'air hagard, comme s'il était mort dans cette position grotesque, sauf qu'il était pas mort, pas encore.

Shannon venait de comprendre que l'homme avait essayé de le blesser. Elle essaya, tout en pissant dans son froc, de voir ses deux autres amis. Mais c'était peine perdue. Dylan s'agitait, le vieux gueulait en tapant dans la vitre. Il avait l'air apeuré.

Au bout de quelques secondes (ça passe très vite dans ces moments là, croyez nous), Shannon cria:

"— Dylan ?! Dylaaaan! Fais gaffe ! Où est Kim ? Putain Dylan ! Haaaa !" (ayez en tête des cris hystériques pendant de longues secondes)

Dylan la regarda, comme s'il ne comprenait pas. Et ensuite il réalisa la présence de l'homme. Il sauta du capot, et atterri sur le sol souplement. Il se dirigea tranquillement vers lui. Le vieil homme fit un signe de croix, et Dylan l'assomma avec la valisette de maquillage de Kimberley qui était apparue comme par magie.

Shannon croyait rêver. C'était complétement stupide, se disait-elle.

Quand le vieux tomba, Dylan continua à fouetter le visage du vieux avec la valisette. Shannon hurlait et en même temps elle était soulagée que l'homme soit devenu inoffensif. Elle sortit de la voiture et serra Dylan dans ses bras.

"— Ho mon héros !
— Tiens, d'un coup t'es plus dégoûtée par moi ? Mais... Tu t'es pissée dessus?! lui demanda t-il, écœuré.
— Arrête, j'ai eu trop peur putain. Où sont Kev et Kim ?
— Je crois qu'ils sont en train de regarder le moteur.
— Beh... Tu as fermé le capot !
— Et ? L'un n'empêche pas l'autre. On voit que t'as rien dans le crâne toi. Typique des blondasses dans ton genre.
— Que..."

Mais elle n'eut pas le temps d'en dire plus. La valisette de maquillage l'avait atteinte à la tempe et elle tomba. Chaque coup qu'elle reçut lui causa une douleur immense. Jamais elle n'aurait cru que le maquillage puisse être aussi douloureux. Le sang giclait de ses blessures. Elle respirait de moins en moins bien. Et elle poussa enfin le dernier râle. La mort était si douce comparée à la douleur de dizaines de fards à paupières et de gloss en tout genre reçus dans la gueule.

Après ça, Dylan lâcha la valisette, et ouvrit le capot pour redémarrer la voiture. Il sortit du moteur les têtes coupées et sanguinolentes de Kimberley et Kevin, ces gros abrutis qui ne lui parlaient que quand ils avaient besoin de sa voiture et les jeta sur le bas-côté, fit rouler les corps qui attendaient devant la voiture au même endroit que leurs têtes. Et enfin, il rebrancha le moteur. Sans même un regard pour le vieux qui s'était mêlé de ce qui ne le regardait pas, il ramassa et posa la mallette sur le tableau de bord et il démarra vers la fête qui l'attendait, où il pourrait enfin montrer à tout le monde qui il était.

C'était sans compter sur l'élan qui traversa la route cent mètres plus loin. La voiture fit une embardée et il se crasha dans un arbre. Ironiquement, la mallette de maquillage, dans le brusque choc, vint se planter dans son crâne. Tandis que le sang et le gloss coulait, un sourire se dessinait sur son visage. Et enfin il poussa un dernier soupir lui aussi.


The (happy) end.