Horror Stories

L'horreur est une image


L’horreur est une image

Une image de haine et de peur, de rouge et de noir. Une image dégueulasse.

Ton corps, là sur le tapis fade et poussiéreux. Sur les poils usés par des années de réflexion en tourne-rond. Des années à me dire… me demander. Quand arriveras-tu ?

Ton âme vole, autour de moi, dans ce taudis moisi, aux relents alcooliques et douloureux, dans le noir le plus ténébreux qui soit. Pas par la noirceur de la pièce, ni par les rideaux de fer qui occultent la vision du monde vers ce centre de l’enfer. Non. Ténébreux à cause de mon âme à moi, sortie de mon corps quand j’ai planté pour la première fois la mort.

Une fois, d’abord, dans ton corps. Puis une autre fois, dans tes yeux. Puis une autre fois encore, dans ton cœur. Encore et encore. Jusqu’à faire de ton si beau corps une œuvre emmêlée.

L’horreur est une image puante et grouillante.

Ton corps, là sur le tapis de larves, remuantes et vivantes, aspirantes à une vie, une vie de chair, d’os et de sanies. Le tapis de laine devient tapis de sang, et toi, si morte, si putrescente, tu me regardes de tes yeux crevés.

Ton âme a beau me fixer, ton corps à beau m’empoisonner, je n’en demeure pas moins heureux.

Les années passées à tes côtés ont été les plus belles, les plus vivantes, les plus animales. Une chair chaude et accueillante, un petit ventre rond, un visage si doux et un parfum de peur, suave, aigre…

Ce visage satiné qui a eu ce regard, une fois de trop.

La peur. La peur dans ces yeux de diamant… rivés vers la porte de métal. Cette porte que tu martelais sans cesse les nuits où je n’étais pas à tes côtés, à te choyer, te dorloter et te désirer.

L’horreur est une image, et c’est toi, princesse, qui l’illustre à la perfection. A jamais.