Horror Stories

Coeur de sang


La vie de Marie prit un tournant dramatique à partir du jour de son mariage. Radieuse, elle n’imaginait pas une seconde que son destin était scellé.

— Voulez-vous prendre Marie Bulsaigne pour épouse ?

Cette phrase simple, ânonnée un beau jour de 1886 dans l’église Sainte-Mary à Whitechapel, Londres, changerait la destinée de Bernard aussi, ce qu’il ignorait également.

— Oui, répondit l’homme interrogé, sans hésiter.

Et c’est ému qu’il embrassa sa nouvelle femme qui paraissait si heureuse de convoler. Son mari était magnifique cette fois. Le prêtre les félicita et le couple sortit sous les rares applaudissements de la famille du marié. Celle de la mariée étant trop loin, selon ses dires, pour venir célébrer cette noce inespérée.


Il n’y aurait aucune fête ce soir-là pour fêter le mariage de Bernard et Marie. Ils se contenteraient d’un petit restaurant et fileraient droit vers l’auberge qu’avait réservée Marie, pour consommer la noce.

Et la routine s’installa ensuite dans le couple. Lui, bricoleur, réparait, fabriquait ou installait les meubles pour garnir la petite maison qu’ils avaient achetée peu avant ou pour vendre, menuisier de son état. Elle, plutôt bonne ménagère, astiquait le tout et cuisinait des repas fortifiants pour son beau mari. Si beau. Si tendre. Si vivant. Et tous les soirs, invariablement, ils faisaient l’amour bestialement. Marie était si passionnée qu’elle mordillait son époux dans le cou au point de le faire saigner régulièrement. Il aimait ça, le bougre. Comme chacun des maris qu’elle a pu avoir avant lui.


Les mois passèrent. Bernard dépérissait petit à petit. L’ennui peut-être. Le travail probablement. Les soucis conjugaux, inévitablement. Son corps si musclé, si hâlé qui avait attiré Marie n’était plus qu’un souvenir. Il ressemblait davantage à un cadavre ambulant qu’à un homme à vrai dire. Marie ne s’en souciait pas, elle l’aimait quand même et le chérissait, se montrait chaleureuse et toujours désireuse. Lui se sentait toujours plus faible, de jour en jour, de nuit en nuit. Il n’en pouvait plus et ne savait pas comment le dire à son épouse qui semblait ne rien remarquer.


Bernard mourut deux ans après leur mariage, un soir d’hiver, lors d’une tempête de neige. Les rues de Londres étaient couvertes d’un manteau épais de neige, à tel point qu’il fut difficile pour Marie d’aller chercher de l’aide. Disait-elle.

Ce qu’elle ne disait pas en revanche, c’était que cette nuit-là, elle y était allée trop fort. Elle avait surestimé la force de son époux et devrait en trouver un autre rapidement si elle voulait vivre encore quelques siècles de plus. Les quelques livres amassées après le décès de Bernard ne suffirent hélas pas à satisfaire son appétit avec de la nourriture "normale".


Aussi sortait-elle la nuit uniquement et se rendait-elle près des bordels clandestins afin de satisfaire sa soif de sang. Elle qui, normalement, devait faire montre d’une grande prudence et d’une grande discrétion, d'où ses mariages, laissait les corps là où elle les consommait, totalement désordonnée après cet énième mariage raté. Les rumeurs enflaient dans la ville. Tout le monde se demandait pourquoi tous ces hommes tombaient comme des mouches. Il n’y avait, sur eux, que des petites plaies, sur le cou. Des rumeurs folles circulaient : un vampire sévissait en Angleterre…


C’est ainsi que Marie Bulsaigne rencontra Jack un soir d’automne, dans une ruelle sombre de Whitechapel. Élégant, vêtu d’un costume sur mesure et d’un chapeau assorti, il l’accosta poliment, souriant.

— Seriez-vous, par hasard, cette jeune femme dont tout le monde parle dans le monde de la nuit ? Marie ?

Celle-ci, flattée par le ton de l’homme et sa prestance, lui répondit :

— C’est bien moi, monsieur. Et vous, seriez-vous mon prochain repas ?

L’homme sourit, faisant tressaillir sa fine moustache. Ainsi, on disait vrai. Une vampire, ici, à Londres !


Sans montrer aucun sentiment de peur, l’homme s’approcha de Marie, la prit dans ses bras et, en un tour de passe-passe dont lui seul avait le secret, la tua. Marie avait fini ce soir-là de faire des victimes, devenant la première de Jack L’Eventreur. Les hommes de Londres ne surent jamais que le futur plus célèbre tueur en série du monde venait de leur sauver la vie à tous.

Quelle fière chandelle ils lui devaient !


_________________________________

Cette histoire est écrite et dédicacée pour Marie Bulsa, auteure de B.P.E.

Aucune Marie n'a été malmenée durant l'écriture. (je crois)

Tout fait ou personne ressemblant aux personnages est purement volontaire et j'en ai rien à s'couer. (pardon wesh)


Retrouvez Marie ici : Marie Bulsa sur Twitter

Et son livre ici : B.P.E sur la Fnac


Le commanditaire peut avoir la version PDF ou Epub de l'histoire ici présente s'il le souhaite.


Si vous aussi vous voulez clamser dans une histoire ou en être le héros malheureux, soutenez-moi ici : Tipeee de Driller_Killer


DEATH AND LOVE LES ROUDOUDOUS.

D.K.