Horror Stories

La révolte du pantin


Seiji, garçon de 6 ans, vivait à Nagahama dans la préfecture de Shiga au Japon. Il avait reçu pour son anniversaire un pantin fait à son effigie et à sa taille, de la part de son oncle.

Seiji n’aimait pas trop ce cadeau qui l’effrayait plus qu’autre chose. Surtout la nuit quand le voile opaque de ténèbres s’abattait sans merci sur la maison, la plongeant ainsi dans une obscurité totale.

Parfois, dans un reflet lunaire, il lui semblait que son pantin était animé.

Il tentait de se rassurer en se disant que ce n’était qu’une illusion d’optique due à la lumière, mais son imagination d’enfant le faisait penser autrement. Et il lui avait même semblé que le pantin, qu’il avait baptisé Jishin, signifiant soi-même en japonais, s’était levé de la chaise sur laquelle il était posé.

Plusieurs nuits d’affilée, Seiji n’arrivait pas à fermer l’œil, et quand il arrivait enfin à s’endormir, c’était pour se réveiller en sursaut de peur que Jishin ne l’agresse dans son sommeil.

Mais Jishin demeurait immobile, se contentant d’observer le petit Seiji de ses gros yeux vitreux.


Une autre nuit, Seiji se réveilla de nouveau brusquement. Jishin avait disparu de sa chaise. Le garçon scrutait frénétiquement la pièce, paniqué. Il ne remarqua pas l’ombre se profiler juste derrière lui. Seiji était comme paralysé ; seule sa tête bougeait. Puis les mains de bois saisirent son cou d’enfant fragile. Seiji se réveilla d’un bond. Il voulait pleurer, mais il craignait aussi les remontrances de son père qui lui rappelait sans cesse que les grands garçons ne devaient pas pleurer. Alors il verrouilla ses lèvres et retint les larmes qui menaçaient de couler. Il déglutit et reprit le peu de courage qui lui restait.

Seiji se leva rapidement et saisit le pantin. Il partit s’en débarrasser dans le fond du jardin, le balançant dans le puits situé au-delà de la petite cabane ; il resta quelques minutes dehors afin de bien vérifier que ce maudit pantin ne refasse pas surface, puis retourna se coucher.

Seiji put enfin dormir sur ses deux oreilles cette fois.

Cependant, le troisième soir après s’être débarrassé de son double de bois, l’enfant eut le sommeil encore plus agité.

Du fond du jardin, une voix appelait : « Seiji…Seiji…Seiji… »

Elle semblait le supplier. Le petit garçon pouvait l’entendre, mais elle paraissait tellement lointaine qu’il pensa qu’elle provenait de son rêve.

Soudain, la voix se fit plus forte. Seiji ressentit de la rage dans son intonation.

« Seiji ! Petit merdeux ! »

Seiji se réveilla en un bond. La chambre était plongée dans une obscurité qui lui parut morbide et terrifiante tant il était effrayé. Le ciel nuageux cette nuit-là empêchait la lune de filtrait à travers la seule fenêtre de la chambre.

Seiji tremblait de tout son être. Il voulait se lever pour allumer et chasser les ténèbres qui en cet instant le terrorisaient, mais ses jambes en coton l’empêchaient de faire le moindre mouvement.

Le voile opaque de ténèbres qui recouvrait la pièce était seulement nuancé d’une faible lueur passant entre les lames du volet à moitié fermé. Elle ne révéla pas cependant l’ombre qui se dressa juste derrière Seiji.

Puis, les mains de bois s’abattirent.

Le lendemain matin, la mère de Seiji pénétra dans la chambre. Elle salua l’enfant d’un grand sourire.


L’histoire aurait pu s’arrêter là mais il me semble bien avoir entendu du fond du puits : « maman… maman… maman. »