Horror Stories

Un appel à 3h07 du matin


Je dormais à poing fermé dans cette petite auberge de jeunesse en bordure de campagne dans le Tennessee. Dans cette partie de la région, isolée de toute nuisance, la nuit était particulièrement calme et sereine.

La demeure dans laquelle je séjournais était un magnifique cottage dont les murs envahis par le lierre et les herbes de toutes espèces donnaient l'illusion d'une vieille bâtisse sur laquelle la nature tentait de reprendre ses droits.

Le matin, j'aimais m'asseoir sur ce banc perdu parmi les lavandes. Je pouvais y rester pendant plus d'une heure, m'enivrant de leur douce fragrance alors que je lisais ou que j'écrivais.


Cet endroit idyllique, m'inquiétait pourtant une fois la nuit tombée.

Moi qui avait tant été habitué aux tumultes nocturnes de la grande ville, il fallait maintenant que je m'habitue au silence de mort qui régnait en ces lieux.

Silence qui fut perturbé par mon téléphone portable qui se mit soudain à sonner. Il me fallut quelques secondes avant de réaliser que l'on m'appelait, alors que j'étais encore dans les vapes.

Je tournai les yeux vers le réveil matin posé sur la petite table de chevet... 3h07.

Qui donc pouvait bien tenter de me joindre à cette heure ? J'hésitais entre décrocher ou me recoucher.

Cependant, je fus comme happé par une sorte de volonté qui n'était mienne et mon bras se tendit en direction du portable et d'un geste fébrile, j’appuyai sur le bouton pour répondre.

" Allo ?"

Pour seule réponse je ne reçus que des grésillements sourds.

" Allo ?"

Toujours rien. Je raccrochai donc, puis me recouchai.

Au bout de plusieurs minutes à me retourner dans tous les sens, le téléphone sonna de nouveau.

" Allo ?"

Toujours ces fichus grésillements.


Mais qui cela pouvait-il bien être ? Et pourquoi ne disait-il rien ?

Cette situation laissait planer un je ne savais quoi d'angoissant. Je m'empressai donc de raccrocher une dernière fois.

Le téléphone sonna de nouveau mais je décidai de l'ignorer, enfouissant ma tête sous l'oreiller afin de camoufler le son.

Il n'arrêtait pas. Cela devenait insupportable à entendre. Je me mis alors à supplier que le calme revînt. Je priai le silence de revenir. Ce silence qui avait pourtant fini par peser et que maintenant je regrettais.

Le téléphone sonnait et sonnait toujours.

Alors pour une toute dernière fois, je décrochai.

" Qu'est-ce que vous me voulez ?!"


Je ne perçus pour réponse qu'un faible murmure quasiment inaudible.

Je posai le téléphone sur la table, et me dirigeai vers la fenêtre que j'ouvris en grand. Je laissais le vent jouait sur mes joues, dans mes cheveux. Et surtout je savourais ce silence que je désirais rejoindre. Je voulais me retrouver dans ses bras. Alors dans une mesure désespérée, j'enjambai la fenêtre.