Horror Stories

Soyez sages !


Martine préparait le souper dans la cuisine. Elle s’affairait à éplucher et découper quelques légumes fraîchement rapportés du jardin, à émincer oignons et ails.

Pendant ce temps, ses enfants Tom et Louis, comme à leur habitude, se disputaient pour elle ne savait encore quelle raison.


Martine en avait marre de leurs querelles incessantes et elle sentait que ses nerfs pouvaient lâcher à tout moment. Alors, elle arrêta un instant ce qu’elle faisait et se rendit dans le salon.


« Hé ! Vous pouvez bien arrêter de vous chamailler cinq minutes ?!

— Mais maman, Louis ne veut pas me passer la manette, gémit Tom.

— Je n’veux pas le savoir. C’est bientôt Noël, et vous savez ce qui arrive aux enfants pas sages ? »


Sur ces mots, les enfants se figèrent. Ils se regardèrent l’un l’autre et conclurent de stopper leur dispute. Tom se résigna à prendre la manette des mains de son frère, et se contenta d’aller bouder dans son coin.

Les jours passaient et se rapprochaient inexorablement de la date fatidique : Noël.

Un jour synonyme de joie pour la plupart des bambins qui se préparaient à recevoir leurs cadeaux.


Pourtant, en ce qui concernait Tom et Louis, ce jour était imprégné de l’odeur fétide de la peur depuis qu’ils eurent connaissance du monstre dévoreur d’enfants pas sages.

Ils avaient bien essayé de se tenir à carreau, mais ça avait été plus fort qu’eux et ils ne purent s’empêcher de se chercher des poux pendant une bonne partie des vacances.

Puis, le soir du réveillon vint à tomber.

Tom et Louis étaient restés cloîtrés dans leur chambre, à attendre le pire. Mais le pire ne vint pas. Du moins pas encore.

Louis fut le premier à succomber au sommeil. Tom lui lutta tant bien que mal pour ne pas fermer les yeux. Il craignait une attaque durant la nuit.

Malheureusement, la fatigue eut raison de lui et l’emmena au pays des songes.


Dehors, le vent soufflait, les flocons tombaient. La chambre s’emplissait petit à petit d’un courant d’air glacial. Et la neige craquait sous le poids d’un danger imminent.

Quelque chose se rapprocha des deux endormis.

Ce fut brutal, violent, sanglant ; mais ce fut aussi silencieux.

Le lendemain, lorsque leur mère entra dans la chambre, elle ne hurla pas face à l’ampleur du carnage. Au contraire, elle sembla même arborer un léger sourire niais.


Tom et Louis gisaient un peu partout dans la chambre. Elle dut nettoyer, laver. Mais cela ne la dérangea point. Elle fut même contente pour une fois, ou plutôt soulagée.

Cependant, que faire des corps ?

Le vent glacé de l’hiver lui susurra alors à l’oreille.

Au soir, lors du repas, un des convives qu’elle avait invités lui demanda où elle avait acheté une viande aussi tendre.

Elle répondit que c’était un secret, mais que c’était enfantin à préparer.

Au moins elle aura retrouvé son humour, n’est-ce pas ?


Pauvre Tom et Louis, ils auraient mieux fait d’être sages. Mais les mauvaises habitudes reviennent toujours au galop, et ils en ont payé le prix fort.

Noël, symbole de gaieté. Mais dans ce petit pays du nord où mon ami s’est installé, il peut être porteur de bien mauvais présages.


Mais n’ayez crainte. Si vous arrivez à lire ces lignes, c’est sûrement que vous avez été sages.