Les septs coups
Le son craquant sortant d'un appareil de musique obsolète retentissait dans la vieille pièce en ce jour de printemps. Un homme, probablement jeune, était assis sur un fauteuil rouge pourpre. La musique qui retentissait était semblable à celle des années 20, même si la qualité mauvaise du son permettait à son public de se mettre dans un état de transe. Telle était la condition du jeune homme qui, assis sur son fauteuil, écoutait la musique mélancolique en portant un masque vierge attendant la fin des temps.
"Toc Toc Toc..."
Quelqu'un frappait à la porte de la vieille pièce servant de studio au jeune homme, brisant la monotonie de la musique qui jusque-là semblait éternelle. Le jeune homme ne se leva guère, il continuait d'écouter la musique de son appareil attendant la fin du temps d'autrui. La pièce remplie à ras bord de livres en tout genre semblait, par cette musique, comme coincée dans le temps, ou du moins, ne plus en ressentir ses effets.
"Toc Toc Toc....."
Décidément, la personne derrière la porte semblait fort impatiente au vu du peu de temps espaçant les deux toquements. L'homme ne bougea guère, écoutant la musique. Qu'il était étrange que, dans certains moments, les humains pouvaient attendre sans réagir. Certains moments qu'il avait tant tenté d'écarter pour, au final, la laisser approcher. Le jeune homme qui portait une vieille veste ayant des taches rouges visqueuses attendait dans un recueillement silencieux et calme la fin du disque joué.
"Toc Toc Toc..."
Celui derrière la porte était décidément patient pour recommencer à nouveau à frapper à la porte sans passer son chemin. Enfin, celui-ci avait tout son temps à cause de la nature même de son métier. Le jeune homme au masque vierge pris une gorgée de gin, buvant directement par la fente de son masque au niveau de ses lèvres, tentant désespérément de se donner du courage dans cette sordide situation. Il continua d'écouter la musique, attendant la fin de sa convalescence soudaine vis-à-vis de la fin du temps bloqué.
"Toc Toc Toc..."
Le visiteur imprévu - pourtant inévitable - continuait de toquer à la porte, commençant à s'impatienter. Il fallait l'avouer, celui-ci, malgré sa fonction purificatrice, n'était guère patient malgré l'air qu'il se donnait. Le jeune homme au masque vierge ferma ses yeux d'un vert émeraude, se plongeant dans le noir et dans ses songes intérieurs. Attendant la fin de sa misère arrivant.
"Toc Toc Toc..."
Sonna la porte faiblement à nouveau. Le jeune homme au masque vierge ignora toujours l'appel venant de la vieille porte grinçante. Une odeur de magnolia commença à saturer l'odeur apaisante de la pièce. Aucun son envahisseur ne venait d'en dehors de la pièce insonorisée sauf venant de cette porte, celle-ci étant trop vieille pour un résultat acceptable. Le jeune homme tendit sa main vers une table de chambre, cherchant sans réellement regarder un objet utile dans les temps de crise. L'odeur de magnolia montait de plus en plus et la musique baissait, la fin du disque arrivait ainsi que la reprise du temps sur cette pièce. Le jeune homme attendait la fin de ses questionnements stupides.
"Toc Toc Toc..."
Retentissa de manière bruyante la vieille porte, l'étranger étant derrière ayant suffisamment attendu à son goût. Le jeune homme au masque vierge, les yeux fermés, commença à pleurer non à cause de la tristesse ou la joie, mais à cause de la peur. Après tout, il avait manqué à tout ses engagements, qu'ils soient professionnels, ce qui était fatal dans son milieu, sentimentaux, ce qui était blessant pour sa psyché, ou encore existentiels, n'ayant pris que la vie d'autrui au lieu de d'améliorer la sienne. Le jeune homme au masque vierge pleurait, attendant alors que l'odeur de magnolia eut complètement envahi la pièce, la fin de son temps à lui.
"Toc Toc Toc..."
Grogna la porte étant à la limite de se fracasser, l'inconnu étant sur le point d'entrer. Le jeune homme, pleurant, les larmes coulant sur son masque vierge et sur son cœur souillé, meurtri, amena l'objet pris de sa main gauche vers lui. Enclenchant le chien, le doigt sur la detente vers sa tempe, annonçant son ultime prière pour demander pardon au vu de ses péchés, il soupira longuement. La musique se finissant, le jeune homme au masque vierge teinté de l'arme ouvrit ses yeux et tira, empêchant l'inconnu venu faire justice pour les crimes de l'homme de commettre son amère vengeance.